C’est en octobre 1967 que la comédie musicale « Hair » fait ses premiers pas à Broadway, au Public Theater. La version française est créée à Paris au théâtre Saint-Martin et jouée dès le 30 mai 1969. Véritable hymne hippie et à la liberation sexuelle… L’adaptation française a d’ailleurs fait beaucoup parler d’elle à l’époque en choquant le public par ses nombreuses scènes dénudées si bien que l’armée du Salut fera irruption un soir dans la salle pour arrêter le spectacle ! L’Ecran Pop a voulu revenir sur l’une des premières comédies musicales qui a révolutionné le genre ! Et puis 50 ans… ça se fête, non ?
L’histoire de « Hair »
« Hair » raconte les aventures de Claude Bukowski, jeune fermier de l’Oklahoma qui quitte son ranch pour s’engager dans l’armée et combattre au Viêt-Nam. Avant de se rendre à la caserne, il en profite pour visiter New York. C’est à ce moment qu’il rencontre une communauté de hippies qui lutte contre la guerre au Viêt-Nam. Le groupe aux cheveux longs initie Claude aux substances illicites mais la morale de l’histoire est sauve… Claude finit par les quitter et rejoint une base militaire au Nevada. Claude offre donc sa vie à la patrie, mais l’histoire ne nous dit pas s’il reviendra vivant.
Un vrai cri révolutionnaire !
Pour comprendre l’histoire de la comédie musicale, il faut se replacer dans le contexte ! En pleine guerre du Viêt-Nam, « Hair » est un véritable reflet de la société d’alors. D’un côté la culture hippie prônant le célèbre « Peace & Love » et la contestation envers la guerre du Viêt-Nam et de l’autre, tout un peuple uni dans la guerre pour défendre les couleurs du pays. Le grand public mettait alors une image sur ces fameux hippies (influencé dès 1950 par l’auteur Jack Kerouac, qui prônait alors des idées libertaires et une distanciation avec la culture de masse). C’est dans ce contexte de contestation contre cette guerre et contre la surconsommation que le mouvement hippie a pris de l’ampleur, jusqu’à dépasser les frontières et arriver en France. Leur façon de vivre ? Être au plus proche de la nature et ne pas vivre comme leurs parents. Ils vivaient en groupe et étaient très branchés bouddhisme et hindouisme. C’est en s’inspirant de tout ce contexte géopolitique que James Rado et Gerome Ragni décident d’écrire ce qui deviendra « Hair ».
Les Hippies bien représentés
Qui dit comédie musicale, dit personnages… « Hair » réussi le pari d’incarner le mouvement hippie, aussi dans sa diversité. Oui, car être hippie ne signifie pas entrer dans un moule. Chacun garde son caractère et impose sa façon de concevoir leur style de vie. Ici, le personnage de Berger est l’esprit libre, souvent irrévérencieux et impulsif. Sheila porte la culotte. C’est la militante et activiste politique du groupe, elle vit avec Berger et Claude. Jeanie, quant à elle, est une jeune femme enceinte, excentrique et amoureuse de Claude. Woof représente le côté fleur bleu. Il adore la nature, les plantes et les pratique sexuelles aussi diverses que variées.
La révolution en chansons
Tout cela, on le découvre au fil de la comédie musicale, lorsque les artistes se mettent à chanter. Plus que de simples chansons, certaines sont aujourd’hui devenue de véritables cris de contestation ! La chanson d’intro du spectacle, « Aquarius » expose bien le mouvement : harmonie et compréhension, sympathie et confiance. « Sodomy » (bon… Pas besoin de vous faire un dessin…) reflète la liberté sexuelle à laquelle cette génération appelle. « I’m black » est un pamphlet contre le racisme. Et évidemment « Laissons entrer le soleil » est un véritable hymne à la paix. Toujours très populaire aujourd’hui, cette chanson est considérée comme un véritable symbole d’espoir !
Pourquoi Julien Clerc ne voulait pas participer à « Hair » ?
En France, c’est le chanteur Julien Clerc qui décrochera le rôle principal, celui de Claude Bukowski. Et pourtant, le chanteur était loin d’être emballé par le projet. Repéré alors qu’il assurait les premières parties de Gilbert Bécaud à l’Olympia en 1969, le chanteur avoue être gêné par la publicité de la nudité autour de cet opéra rock. Mais Bernard Castelli (l’un des producteurs du spectacle) ne lâche pas l’affaire et invite Julien Clerc à aller voir le spectacle dans sa version londonienne. Par curiosité, Julien accepte l’invitation et, séduit par le spectacle, finit par se faire convaincre. Il sera à l’affiche jusqu’en 1970 où Gérard Lenormand le remplacera.